Écriture
Le Phare des Baleines : "L'histoire de l'histoire ("making Of")". Jouer de la trompette lorsqu'on vit en appartement n'est pas toujours de tout repos pour les voisins... De toute façon à cette époque je joue de moins en moins, la motivation n'y est pas. Mais lorsqu'on aime créer il faut bien trouver quelque chose pour remplacer ça. L'écriture, me dis-je, c'est bien plus silencieux que la trompette! Je me décide donc à me mettre à l'écriture. Et me voilà, je commence à travailler sur un texte et puis un autre, et un autre...
Je découvre la tâche énorme qu'est l'écriture, car même s'il est facile d'imaginer une histoire dans sa tête (ah! oui ça, ça va bien...), que
de patience faut-il pour la mettre sur papier. Le long chemin comporte plusieurs embûches: celui de s'égarer de la route qu'on avait envie de suivre au
départ pendant qu'on est occupé à trouver une belle tournure de phrase. Certains diront: laissons-nous porter, nous verrons bien où cela mène...
Peut-être que cela réussit à certains, mais je découvre qu'il me faut au moins un cadre général, il reste tellement de choses à régler en cours de route
même avec un cadre, et nos personnages ont encore bien des occasions de nous surprendre! J'ai essayé en me passant de cadre, mais je me suis égarée plus
d'une fois et je n'ai pas aimé cela. Mon texte devenait inintéressant et je piétinais sur place! Parfois on s'embourbe complètement dans un détail qui
devient démesuré et comme il y a beaucoup de détails à mettre en place, on peut vraiment s'enliser. C'est un peu comme rester pris avec sa voiture sur
une plage de sable. Bref ce n'est pas toujours facile d'arriver à prendre du recul lorsqu'on est à l'intérieur de tous ces détails... Mais alors que je
me bagarre avec mes textes, je découvre l'existence d'un concours pour écrivains québécois, et bien qu'à ce moment j'habite à Paris, je qualifie pour
participer, je suis québécoise. Pour ce concours il faut écrire une nouvelle, avec un certain contexte.
Ah! me dis-je... voilà qui serait probablement plus facile que de m'évertuer à écrire un roman du premier coup (ce que j'étais alors en train d'essayer
de faire), peut-être devrais-je apprendre à marcher avant de courir!
Ce sera une merveilleuse expérience d'écriture, intensive, passionnée. Nous avions loué un petit appartement, on s'y sentait beaucoup mieux qu'à
l'hôtel, un vrai petit chez soi et nous étions à quinze minutes de la mer en auto. Là-bas, j'ai fait mon ébauche, mon plan de travail. Je savais donc en
gros ce que chaque chapitre devait contenir. J'avais mon garde-fou pour conserver le scénario intéressant. Alors avec mon plan, j'attaque le tout, et j'y
mets environ 3 ou 4 heures par jour, il nous reste bien assez de temps pour aller faire un tour, prendre une bonne baignade journalière dans la mer,
ramasser des coquillages ou encore goûter une promenade en voiture, et comme nous sommes dans le coin du monde où il y le plus d'éclairs par année, nous
allons nous stationner en auto près de la plage pour voir les dizaines de dizaines d'éclairs tomber dans la mer au loin sous les trombes d'eau d'orages
passagers (au moins un gros orage par jour qui ne dure pas très longtemps). Que c'est beau!
Ecrire c'est un peu comme bâtir un film, un film qui se déroule entièrement dans notre tête, on est le metteur en scène, on imagine les prises de vue, on
s'occupe de la lumière, on est les acteurs ou on dirige le jeu, on construit les images, et c'est une joie énorme, toute cette création. J'ai aussi près de
moi, un allié qui joue le très grand rôle de correcteur et de guide. Il connait mon plan de match et il me signale avec délicatesse s'il voit un passage
qui n'amène vraiment rien à l'histoire. Il a un bon jugement et je peux me fier à lui. En peu de temps le tout est bouclé. J'ai emprunté un portable à l'ami
qui vit au-dessus et qui nous loue l'appartement. Mais, oh malheur! le texte une fois terminé, sa longueur fait le double de la norme imposée. J'ai le droit
à 20 pages, j'en ai pratiquement 40! Ciel! Il faut couper là-dedans, ça va être difficile!
Je m'affaire à couper de-ci de-là, avec l'aide de mon allié et nous arrivons à peu près à faire ce qu'il faut. Mon manuscrit comptera 20 pages sans aucune
interligne ni marge en haut, en bas, ni sur les côtés! Je ne peux faire plus sans devoir réécrire certains passages! Je me dis : "- Ils feront avec
ça!". Et voilà on le met enfin cela à la poste à partir des États-Unis, en prenant soin d'en garder des photocopies, c'est fait!
Nos vacances se terminent et après un court passage au Québec pour voir la famille, nous revoilà à Paris. De retour à la maison, je me demande bien si mon
manuscrit a survécu au voyage transatlantique! Je téléphone et on me confirme qu'il est bien là. On est inquiet cependant: est-ce que je suis vraiment
québécoise? C'est vrai qu'il y a de quoi semer le doute! J'habite Paris et j'envoie le document des États-Unis... Je propose d'envoyer une copie de mon
passeport... Quelques temps plus tard, j'apprends que j'ai gagné le 1er prix, à l'unanimité des juges (hé, ça fait plaisir ça!). J'aurai
la chance d'avoir ma nouvelle imprimée à 500 exemplaires, et on me conseille d'en profiter pour en faire imprimer 500 de plus, à un prix vraiment minime,
ce que je fais. Malheureusement, la nouvelle qui devait être distribuée ne l'est finalement pas, et je découvre le travail de placer moi-même ma nouvelle
dans les librairies, tâche ardue, mais j'y arrive quelque peu. Une maison d'édition du Québec invitée, peinée de voir que je ne suis finalement pas
distribuée, me propose d'en distibuer au Québec. Aussi j'envoie 300 ou 400 nouvelles qui seront en librairie mais je ne verrais jamais un sous de ces ventes,
s'il y en a eu (aïe aïe aïe, c'est aussi ça la vie d'artiste! Merde!). Donc aujourd'hui (j'ai arrêté d'essayer de distribuer après un moment), j'ai quelques
centaines de copies qui encombrent quelques meubles de bibliothèque. Comme quoi la distribution, c'est important!
Voici un extrait de cette nouvelle, il me fera plaisir d'envoyer un exemplaire à quiconque m'en fera la demande, je vous demande seulement de payer le coût de l'envoi (2 timbres). Ouvrage publié avec le concours du Conseil général de la Vendée et de l'Association Vendée-Québec. Voir l'extrait ci-dessous. Image Intense(I): Je sortais du bureau de Pierre. J'avais en main tout ce qu'il faut pour commencer la préparation du cours d'électricité que nous allions donner ensemble aux élèves toutes classes confondues. Je quittai l'école pour me rendre à ma voiture garée à cinq minutes de là. Une bourrasque de vent me surprit et je remontai la fermeture éclair de mon coupe-vent. Je repensais à Pierre: "C'que j'me considère chanceux d'être tombé sur un gars comme lui pour diriger le groupe de travail. Il essaie sincèrement de guider son équipe et me donne le droit de parole. C'est pas un vieux ronchon avec des idées inébranlables...". J'en suis à ma quatrième année d'enseignement et j'ai eu de la chance de trouver récemment ce poste, en plus pas trop loin de chez moi. J'ai vraiment l'impression d'intégrer une équipe. Je quittai le stationnement et me dirigeai vers la rue St-Denis pour remonter au nord de Montréal. La circulation était normale. J'admirai au passage un érable énorme qui déployait sa force le plus loin possible pour me convaincre de son invincibilité. "Les arbres ont pris un coup de froid la fin de semaine dernière, et on sent que le rouge va pas tarder à les assaillir", pensai-je. J'aime bien le début de l'automne, cette fraîcheur et ses couleurs. J'ai l'impression d'avoir un peu plus d'air que d'habitude pour respirer. J'étais déjà chez moi. Je me garai juste en face et attaquai au pas de course l'escalier de fer qui menait au premier étage. J'entrai, la porte était ouverte. Aussitôt Malia courut vers moi me faire un beau bec. - Alors Malia, t'as passé une bonne journée? - Ooooui! me dit-elle les yeux pleins de malice. J'ouvris la porte de ma chambre et lançai mon porte-documents et mon coupe-vent sur le lit. Je vins m'asseoir dans le salon et Malia grimpa instantanément sur mes genoux. On éclata tous deux de rire. Malia et moi, on est les meilleurs copains du quartier. C'est ce qu'on se dit tous les jours. - Alors, raconte-moi un peu! - Bin, aujourd'hui on a eu une troupe de théâtre qui est venue donner un spectacle à l'école. C'était génial. T'aurais dû voir ça...
... A SUIVRE... Il me fera plaisir d'écrire tout le premier chapitre prochainement si j'ai le temps, mais le mieux c'est de me demander un exemplaire
gratuit, ça libèrera aussi mes étagères de toutes ces copies... |